armoiries familiales, communales et fantaisies
créations ou reproductions
Cédric Delapraz
artiste héraldique
pièces uniques
armoiries peintes à la main ou dessinées digitalement
Les armes et le drapeau suisse
Les origines lointaines des armoiries de la Confédération helvétique ne sont pas très claires. De nombreuses hypothèses sont évoquées.
Ainsi, la “légende” dit que les colons scandinaves installés dans les Alpes portaient et vénéraient la couleur rouge sur leurs bannières et leurs vêtements.
Et, sous les rois francs, qui occupèrent une bonne partie du pays, le rouge était la couleur royale.
Mais l’explication la plus probable est certainement que les armes de la Suisse découlent d’un long processus ayant de multiples origines.
Ainsi, la croix blanche est devenue extrêmement populaire durant les croisades comme signe de reconnaissance et de ralliement. Elle fut certainement gardée durant les premières campagnes militaires des helvètes pour l’affranchissement du “pays” car c’était, pour ses partisans, une cause aussi sacrée que la délivrance des lieux saints.
De plus, il est intéressant de noter qu’à la fin du XIIIe siècle, le Saint Empire germanique avait 3 bannières :
- Celle personnelle de l’Empereur : d’or à une aigle bicéphale de sable (jaune avec un aigle noir à deux têtes).
- Celle de l’Empire : de gueules (rouge) à une croix blanche. Les branches de la croix allant jusqu’aux bords du drapeau. Il symbolisait le rôle de l’Empereur comme protecteur de la chrétienté. Il devint ensuite le drapeau de guerre de l’Empire.
- La bannière rouge (Bluntbahn) qui était utilisée quand l’Empereur administrait la justice et qui signifiait qu’il avait pouvoir de vie ou de mort. Lorsqu’il accordait la souveraineté à un état ou à une cité, il donnait un drapeau rouge, parfois avec une croix blanche, signifiant la liberté et l’indépendance ainsi que le pouvoir de vie et de mort.
En 1291 les “Stätten“ d’Uri, Schwytz et Unterwald s’unir pour se défendre des Habsbourg, puis ils renouvelèrent leur pacte fédéral au serment du Grütli en 1307, pour finalement le renforcer en 1315 par le pacte de Brunnen qui fut reconnu par l’Empereur du Saint Empire... et l’on imagine qu’alors il leur donna une bannière rouge (à croix blanche) comme signe de leur liberté politique.
En cette période, la ”Suisse“ n’est pas très compacte. Les cantons sont souverains et il n’y a pas de pouvoir central, ni d’armoiries communes. Chaque troupe combat sous sa propre bannière.
La première mention de la croix blanche date de 1339 et la bataille de Laupen dans la chronique du bernois Justinger qui énumère les forces suisses quittant Berne pour marcher contre l’armée des nobles coalisés : « et tous étaient marqués au signe de la Sainte-Croix, une croix blanche dans un écusson rouge, et ils arrivèrent à Laupen ». La croix est alors avec des bras longs et étroits et elle est cousue sur la poitrine, les manches et les collants des soldats.
Mais ce signe de ralliement avait certainement déjà été utilisé dans des guerres précédentes pour distinguer les Suisses des Autrichiens qui portaient, eux, une croix rouge.
Les confédérés gardent la croix blanche dans la guerre contre Zürich qui portait une croix rouge car ils étaient alliés de l’Autriche. Ensuite, ils combattent le bourguignon Charles le Téméraire dont le signe de ralliement était un sautoir rouge. Les suisses gardent donc encore une fois la croix blanche.
La forme et les proportions de la croix ne sont pas véritablement définies.
Ensuite, les détachements cantonaux ajoutent volontiers une croix blanche à leurs bannières. Néanmoins, cet emblème suisse n’est pas vraiment identitaire. C’est plus un signe de ralliement.
Malgré tout, les mercenaires suisses, très prisés en Europe, utilisent la croix blanche souvent accompagnée de flammes aux couleurs de leur commandant ou de leur canton d’origine comme drapeaux.
En 1540 la Diète n’autorise plus qu’une croix blanche droite « comme nos ancêtres ».
La même année, cette même Diète décrète que les soldats des différents cantons porteront, sur le champ de bataille, un drapeau rouge avec une croix blanche droite tant que le détachement est petit. Quand le gros des troupes arrivera, les drapeaux des cantons reprendront leur place et le drapeau commun sera mis de côté.
Il y avait donc un drapeau fédéral, mais la croix n’a jamais figuré sur un écusson avant 1814.
Lors de l’établissement de la République helvétique (1798-1803), Napoléon Bonaparte imposa à la Suisse un drapeau tricolore vert, rouge et jaune. Ce premier drapeau national suisse fut abandonné immédiatement après la chute de ce régime.
En 1814, la Diète entérina l’arrêté suivant : « Attendu que c’est les signes militaires des anciens suisses, l’écusson rouge portant une croix blanche, qui composera les armoiries communes fédérales de la Confédération ».
Les prescriptions précisaient que la croix serait flottante (schwebend), certainement pour se différencier de la Savoie, mais ne donnait aucune proportion.
Jean Aberli (graveur à Winthertour) chargé d’exécuter les principaux sceaux, qui furent diffusés partout, donna à la croix une largeur un peu plus grande qu’habituellement, assez loin des formes grêles qu’affectaient soit les croix des croisés, soit celles des anciens suisses. Cela a certainement influencé la suite.
Les bras de la croix doivent être aussi large que long lors de la révision du règlement militaire de 1817.
Dans le règlement de 1843, sur l’équipement de l’habillement, il est dit : « le signe commun à tout militaire au service de la Confédération est un brassard rouge de trois pouces de largeur à croix blanche composée de deux bandes longues de quinze lignes sur cinq lignes de largeur ; ce brassard est porté au bras gauche ».
Il s’agissait donc de cinq carrés égaux.
La personnification de l’Helvétie par une femme vêtue à l’ancienne, armée d’un bâton ou d’une épée appuyée sur un écu date aussi de cette période.
En 1848, la Suisse se dote de sa première constitution d’essence fédérale et officialise l’usage du drapeau rouge à croix blanche comme symbole national.
1889, le Conseil fédéral précise les derniers détails d’ordre esthétique qui sont toujours actuels.
La forme carrée a été gardée car notre emblème national est directement issu des drapeaux de guerre médiévaux qui étaient carrés.
A noter que la Suisse est un des rares pays où les armes et le drapeau sont identiques.
Aujourd’hui, même le rouge est défini selon les directives de la Confédération.
De gueules à une croix alésée d’argent
La couleur est le rouge Pantone 485C, un mélange de 100% de magenta et de 100% de jaune. La croix blanche se trouve au milieu de l’étendard. Les branches de la croix sont d’une sixième plus longues que larges.